Partie de pêche sur le fleuve
Je vous ai raconté le mariage de Zab et Shérifa !
Après cette nouvelle séquence passionnante mais éprouvante, nous avons décidé de nous concocter une petite sortie pour nous détendre. Notre choix s’est orienté vers le fleuve et une partie de pêche avec Sani, Tika ( un ami de Sani) et Bachirou, le petit frère de Sani. Un vrai fils du fleuve...
Dés le matin, nous sommes passés au marché de wadata pour prendre de la viande et divers ingrédients pour préparer la salade ( tomate, pomme de terre, choux, oignons, salade) et des fruits (mangues succulentes). Les nattes pour s’allonger et la glacière et nous voilà partis dans le taxi pour traverser la ville jusqu’au quartier de Gamkallé au bord du fleuve où vit la famille de Sani. C’est pour moi l’occasion de revoir ses deux petites sœurs, Hamsatou et Calliatou et surtout de rencontrer la mère de Sani pour la première fois. On ne peut pas se tromper, c’est le même sourire franc et chaleureux. Mais la partie de pêche ne souffre aucun retard supplémentaire pour Bachir qui est un véritable passionné. Nous avons traversé alors ce très vieux village de l’agglomération de Niamey, en empruntant les rues sinueuses qui parcourent un labyrinthe de maisons et qui aboutissent enfin sur de très beaux vergers et jardins potagers irrigués par le fleuve. Chacun a participé activement à la confection du repas pris rapidement et ensuite : c’est la sieste que j’attendais tant : installé à l’hombre d’un manguier, je me suis laissé glisser dans une torpeur apaisante, quelques petits instants, et me voilà le plus heureux des hommes. Et pendant que nous faisions les lézards endormis (Danfana en Zarma), Bachir lui s’activait pour monter les lignes. Pour plus de tranquillité, nous décidâmes de traverser le fleuve ; il paraît que les poissons y sont plus nombreux aussi. La traversée en pirogue fût très plaisante mais pas pour tous mes camarades, certains n’étaient pas forcément rassurés de s’éloigner du bord. Il faut dire que le fleuve est très large et ils sont plutôt habituer à barboter en eau peu profonde.
Enfin, la pêche à proprement parler. Les poissons au départ un peu timides ont fini par se laisser tenter par les asticots dénichés par Bachir et peut être par la danse improvisé par Sani et Tika pour les amadouer . Je reconnais avoir été un piètre pêcheur, plus intéressé à observer le paysage qu’a taquiner le menu fretin. La pêche est pour moi l’occasion de pouvoir rêver à mon aise. C’est le même phénomène lors d’un long voyage ou le temps nous est donné pour le loisir de ne rien faire d’autre que de s’inventer des histoires. Sauf que dans le cas présent du fleuve, c’est lui qui voyage et c’est moi qui rêve.
Mais ne rien faire, ça creuse quand même et nous avons pu griller cette pêche à la suite des brochettes de viande. Ce fût un repas simple mais savoureux. J’ai essayé d’initier mes amis à la cuisine expérimentale française (brochette de poisson+poivron+mangue fraîche) mais ils déclinèrent poliment mon offre ; Tout en devinant à leur expression : « Ils sont fous ces gaulois »
Pour nous rafraîchir de la température caniculaire qui oscille entre 30 le matin et 40 l’après midi, nous avons piqué une tête et fait les hippopotames repus dans le fleuve.
Le résultat du concours de pêche à été sans appel : Bachir est arrivé premier malgré l’acharnement de Tika à revenir au score, et moi, bon dernier ! J’ai beaucoup pensé à mon neveu Mattéo qui aurait certainement été très heureux de pêcher des « pichons » dans le fleuve…
Mais déjà la nuit commença à tomber, le temps passe trop vite en si bonne compagnie, et notre rêve de Robinson Crusoé pris fin en rangeant nos effets. Et le moment de héler notre piroguier arriva : « hoé hoé l’autre rive, il faut venir nous chercher !!! »
Dans le taxi qui nous ramenait à la maison, nous nous taisions, heureux de partager ce silence complice, les yeux emplis d’images, lumineuses et douces, d’une journée arrachée au jardin d’éden, et à la rivière qui, dit-on, y coule sans jamais tarir.
Florent